Rivalités sino-américaines autour de la cartographie géologique de l’astre lunaire (partie 2/2)


Par NicoLX (Nicolas Le Maux)

 

De la nouvelle carte géologique nippo-américaine de la Lune en 2020 à celle de la Chine en 2022

 

Après une longue rivalité avec l’URSS, les États-Unis ont longtemps été seuls à la pointe de la Sélénologie : l’étude du satellite lunaire, et plus parfois, plus particulièrement, l’étude géologique de la Lune.

C’était sans compter les récentes ambitions et moyens colossaux déployés par la Chine. En effet, à peine deux ans après les américains (voir notre précédent article), les chinois produisirent leur propre cartographie géologique de la lune début juin 2022.

Nouvelle carte géologique de la Lune au 1:2 500 000ème (projection de Mollweide). D’après Ji et al., 2022.

La nouvelle carte de 2022 inscrite dans le programme Chang’e

Cette carte est établie grâce aux précédentes versions, mais pas exclusivement. Elle est notoirement complétée par l’étude des multiples échantillons lunaires rapportés au cours des différents missions du projet chinois Chang’e. Ce programme vise l’étude géologique de l’astre lunaire in-situ et à partir de la collecte d’échantillons rapportés sur Terre. La contribution de ces missions est d’ailleurs conséquente. En effet, les missions concernent des zones encore souvent inexplorées et dépourvues d’information jusque-là.

Chang’e donne son nom au programme d’exploration lunaire chinois (2007-2030). Elle est tantôt un personnage mythologique chinoise, femme séparée de son mari et du reste du monde et vivant sur la lune ; tantôt, la déesse de la Lune.

De l’acquisition des données, aux traitements, représentations et futurs débouchés. D’après Ji et al., 2022.

Apports de la nouvelle carte

Il s’agit d’une cartographie géologique au 1 : 2 500 000ème de forme pseudo-cylindrique. Le type de projection est celui de Mollweide. Ce mode est le plus souvent employé pour représenter les planisphères ou bien encore le ciel.

En pratique, cette carte référence plus de 12.300 cratères et 81 bassins d’impact. Elle classe également 17 types distincts de roches. Par ailleurs, elle récence 14 types de structures géologiques remarquables.

Le but était de mieux saisir l’évolution géologique et chronologique des événements et processus lunaires. On pense notamment aux épisodes de volcanismes et des nombreux impacts météoritiques. Certaines formations géologiques particulières sont en effet issues de ce type d’événement. On peut à ce titre évoquer la couche de matériaux meubles surfaciques ou sous-corticaux des cratères, tels que les dénommées méga-régolithes profonds lunaires.

Établir une cartographie des sites d’intérêts particuliers constitue un autre enjeux crucial. C’est le cas pour la sélection des sites des futures missions et l’évaluation des ressources disponibles et exploitables.

Afin de pouvoir conduire les futures investigations et de pouvoir faire le meilleure usage possible des données, la carte chinoise sera prochainement accessible depuis une géodatabase fichier.

 

Sitographie :

Gillard, Morgane. « Voici la carte géologique de la Lune la plus détaillée ». Futura. https://www.futura-sciences.com/sciences/breves/espace-voici-carte-geologique-lune-plus-detaillee-6672/.

Ji, Jinzhu, Dijun Guo, Jianzhong Liu, Shengbo Chen, Zongcheng Ling, Xiaozhong Ding, Kunying Han, et al. « The 1:2,500,000-Scale Geologic Map of the Global Moon ». Science Bulletin 67, no 15 (15 août 2022): 1544‑48. https://doi.org/10.1016/j.scib.2022.05.021.

Wiggins, Sean E., Brandon C. Johnson, Tim J. Bowling, H. Jay Melosh, et Elizabeth A. Silber. « Impact Fragmentation and the Development of the Deep Lunar Megaregolith ». Journal of Geophysical Research: Planets 124, no 4 (2019): 941‑57. https://doi.org/10.1029/2018JE005757.