Une carte de la répartition des espèces d’abeilles dans le monde pour mieux anticiper les changements relatifs au réchauffement climatique


Par Lisa Fontaine

En novembre 2020, une équipe internationale de chercheurs a réussi à créer la première carte précise de la répartition des espèces d’abeilles dans le monde. Publiée dans la revue Current Biology, elle présente une avancée significative dans la compréhension de la distribution des espèces d’abeilles à l’échelle mondiale.

Pour réaliser cette carte, les chercheurs ont combiné deux sources de données majeures : des registres publics et une liste de contrôle comprenant plus de 20 000 espèces d’abeilles répertoriées par pays.

Après un processus “rigoureux de vérification et d’exclusion des doublons”, “plus de 5800 millions de données” initiales ont été réduites à 907 000 enregistrements, “soit environ 16 %” (Current biology). En combinant ces deux ensembles de données, les chercheurs ont pu créer des cartes plus claires et plus fiables de la répartition des espèces d’abeilles dans différentes zones géographiques du monde.

L’étude a permis de confirmer que les abeilles suivent un modèle de distribution inhabituel, avec plus d’espèces concentrées dans l’hémisphère nord que dans l’hémisphère sud, et une plus grande diversité dans les environnements arides et tempérés par rapport aux tropiques. Ce modèle, appelé « gradient latitudinal bimodal », diffère du modèle courant où la diversité augmente vers les tropiques.

Nombre d’espèces d’abeilles différentes dans le monde. Source : Current Biology

Les résultats ont également révélé que les États-Unis abritent le plus grand nombre d’espèces d’abeilles, en particulier dans le sud de la côte ouest, mais des régions du continent africain et du Moyen-Orient présentent également une diversité élevée, tout comme les zones méditerranéennes, y compris la France.

Répartition de la diversité des abeilles sur le continent américain. Source : Current Biology

Cependant, l’étude souligne le manque de connaissances sur la diversité des abeilles en forêt, en particulier en forêt tropicale, en raison de la difficulté d’accès à ces zones. L’article met en lumière l’importance de collecter davantage de données pour comprendre le déclin des espèces d’abeilles, en particulier en lien avec le changement climatique.

En effet, les abeilles jouent un rôle crucial en favorisant la pollinisation de 80 % des plantes à fleurs, essentielle pour la reproduction des cultures et la biodiversité. Leur activité est vitale en agriculture, impactant la quantité et la qualité des récoltes, ainsi que la valeur économique de la production alimentaire. Elles ont aussi contribué à la diversification des plantes à fleurs, augmentant la biodiversité. Une étude récente estime que la pollinisation par les abeilles représente 14,5 milliards d’euros annuels pour les cultures alimentaires en Europe. Le déclin des abeilles aurait des conséquences graves pour la nature et la société.

Enfin, l’article évoque la situation en France, où malgré une grande diversité d’espèces d’abeilles, il n’existe toujours pas de liste des abeilles sauvages en raison du manque de moyens. Les chercheurs espèrent que leurs travaux contribueront à une meilleure compréhension et préservation des abeilles pollinisatrices à travers le monde, notamment face aux défis du changement climatique.

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